Depuis ma fenêtre j'ai une vue imprenable sur mille vies. Je n'ai pas de vrai vis-à-vis, je ne vois même rien des êtres qui vivent ici, tout près. Mais je vois mille vies derrière ces murs et ces vitrages. J'imagine, je glane de faux indices. Je bricole des histoires à l'image de cette photographie, reconstituée. J'aperçois rarement une silhouette, quelquefois une lumière dans la nuit. Je ne manque jamais de jeter un coup d'oeil lorsque je suis en haut de l'escalier à la vue imprenable. Coup d'oeil sur ce paysage urbain, grouillant de vies mais d'où je n'en vois jamais aucune.
Depuis ma fenêtre : les vies
imaginées de mes voisins imaginaires
Ce n'est qu'après avoir écrit ces quelques mots sur mon tendre voisinage imaginaire que j'y ai vu une référence au roman de Khaled Hosseini, Mille Soleils splendides, faisant lui-même référence à un poème de Saibe-Tabrizi sur Kaboul : Nul ne pourrait compter les lunes qui luisent sur ses toits Ni les mille soleils splendides qui se cachent derrière ses murs.